Aujourd’hui, jeudi 7 juin, la proposition de loi “relative à la lutte contre les fausses informations” ou loi sur la manipulation d’information va être étudiée à l’Assemblée nationale dans l’hémicycle.


Le texte contient 3 grandes dispositions :

  • Les pouvoirs du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel seront augmentés : le CSA pourra révoquer la convention d’un média sous l’influence d’un Etat étranger.
  • Une disposition  concerne la sponsorisation de contenu sur les plateformes numérique : instauration d’un volet d’obligation de transparence pour les plateformes, obligation de coopération avec les fournisseurs d’internet. Les plateformes devront avoir un représentant légal en France.
  • La troisième disposition devrait donner aux citoyens la possibilité de saisir un juge pour faire cesser la propagation de fausses nouvelles. Le nouveau juge des référés pourra être saisi qu’à 4 conditions :
    1. Il ne pourra être saisi qu’en période électorale
    2. Que dans le cadre d’une diffusion massive et artificielle, qui serait faite par exemple par des contenus sponsorisés ou par des robots.
    3. Cela ne concernera que les fausses informations délibérées, c’est-à-dire celles qui sont publiées avec une pleine conscience de leur caractère fallacieux et avec une claire intention de nuire.
    4. Cela ne s’appliquera qu’aux fausses informations qui sont de nature à altérer le scrutin.

Les journalistes ne seront donc pas menacés par ce mécanisme car ils ne diffusent pas délibérément de fausses informations.


Pour VERS LE HAUT, auteur d’une note “Contre les fake news, l’éducation plus efficace que la censure“, afin de combattre la diffusion de “fake news” il est d’abord nécessaire de donner aux citoyens, dès le plus jeune âge, les outils pour exercer leur discernement. En l’état, la proposition de loi relative à la lutte contre les fausses informations ne contient malheureusement aucune disposition sur l’éducation.

Pourtant, le combat contre les fake news commence d’abord par la maitrise des fondamentaux que sont la logique et la lecture. Comment structurer notre pensée sans la langue ? Celui qui peine à s’exprimer sera en difficulté pour construire ou déconstruire un raisonnement mais il sera aussi à la merci de ceux qui maitrisent bien le langage.

“Si chaque citoyen était en mesure, ou avait le temps, de combiner les différentes informations à sa disposition, de juger de la crédibilité des sources pour se faire une opinion, toute entrave à la circulation serait dommageable et la régulation peu nécessaire. Mais c’est très loin d’être le cas.”
Emeric HENRY, Professeur au département d’économie de Sciences-Po pour Libération

 

Éduquons les enfants à l’intériorité et à la prise de recul !

De toute urgence, VERS LE HAUT appelle à se mobiliser pour offrir à la jeunesse les armes intellectuelles, culturelles et relationnelles qui lui permettront de contrer les fake news. La maitrise du monde des médias est évidemment essentielle mais il ne faut pas la privilégier au détriment des fondamentaux !

« Face à la mystification, à l’imposture, à la folie meurtrière et à la mauvaise foi, seule la force de la raison nous offre une chance de victoire. Si nos enfants tombent si facilement dans les pièges grossiers qui leur sont tendus, c’est parce qu’ils sont vulnérables et crédules. Et s’ils le sont, c’est tout simplement parce que l’école de la République que l’on a tant négligée et les familles que l’on a tant bousculées, ont oublié que leurs missions conjointes étaient de faire de ce pays des résistants intellectuels. Et c’est ainsi qu’ils sont devenus de plus en plus faibles d’esprit face aux mensonges imbéciles et aux personnes vénéneuses.»
Alain Bentolila, L’école contre la barbarie, First Editions, 2017
NOTE Contre les fake news, l’éducation plus efficace que la censure