À quelques jours du premier tour, six candidats à la présidence de la République ont répondu aux questions de VersLeHaut, le think tank dédié à l’éducation et à la jeunesse, sur leurs ambitions éducatives. Un sujet qui nous concerne tous de près : parents, enfants, enseignants, associations, entreprises, élus locaux ou simples citoyens ! 

L’analyse des propositions pour l’éducation des candidats souligne la persistance de clivages traditionnels, surtout sur la question de l’école, et l’apparition de nouvelles polarités quant à l’organisation du système éducatif, l’orientation des jeunes et l’implication de la société civile.

L’analyse des propositions, regroupées en 9 thèmes principaux par VersLeHaut, permet d’identifier les questions sur lesquelles les candidats :

  • adoptent des postures classiques droite/gauche (schéma diagonal en figure 1) ;
  • offrent des clivages alternatifs, par exemple entre le centre et les marges de l’offre politique (schéma « en V » en figure 2).

 

L’école, priorité des candidats

Quand on leur demande la première mesure qu’ils mettront en place pour l’éducation et la jeunesse s’ils sont élus, les candidats sont unanimes, quelle que soit leur couleur politique : ils agiront pour l’école.

La plupart des candidats insistent sur le contenu des enseignements : plus de sport pour Emmanuel Macron, plus d’éducation à la citoyenneté pour Anne Hidalgo et plus de français et de mathématiques pour Marine Le Pen.

Quant à Éric Zemmour, plutôt que de renforcer une discipline, il souhaite surtout « remettre au cœur de l’École la transmission du savoir », en instaurant un ministère de l’Instruction publique et de la Culture.

Les autres candidats, Jean-Luc Mélenchon et Valérie Pécresse, placent les conditions financières d’étude au centre des urgences éducatives.

Pour le premier, c’est avant tout la « gratuité réelle de l’école » (cantines, fournitures scolaires, manuels etc.) qu’il faut assurer pour les familles ; pour la seconde, c’est l’instauration de « bourses au mérite » et d’une « banque des jeunes » qu’il faut instaurer pour faciliter le financement des études supérieures.

Les éducateurs : accompagner mais comment ?

L’éventail des solutions apportées pour redonner sens et attractivité au métier d’enseignant au-delà de la seule question de la rémunération, suit davantage les clivages politiques traditionnels.

Un premier discours, plutôt incarné à gauche de l’échiquier, porte sur les moyens et l’accompagnement des enseignants. Jean-Luc Mélenchon propose par exemple d’intégrer une « formation à la psychologie de l’enfant et de l’adolescent et aux sciences sociales ».

Un autre positionnement, défendu par les candidats les plus à droite, ressort autour du rétablissement de l’autorité des enseignants pour faire face au « climat délétère » décrit par Marine Le Pen.

Entre ces deux tendances, Valérie Pécresse et Emmanuel Macron portent des propositions intermédiaires relatives à la fois aux conditions de travail et au statut des enseignants.

S’agissant du soutien aux parents, on retrouve cette dualité entre augmentation des moyens et affirmation des fondamentaux.

La plupart des candidats militent pour que les parents aient des lieux où ils puissent se retrouver et être formés, par exemple sur le cyberharcèlement pour Valérie Pécresse, sur leur non démission pour Anne Hidalgo ou avec des personnels de vie scolaire pour Jean-Luc Mélenchon.

Éric Zemmour et Marine Le Pen, eux, proposent plutôt aux parents avec enfants perturbateurs de les placer dans des « internats de réinsertion ».

Si Jean-Luc Mélenchon s’offusque de la question sur l’engagement des entreprises en faveur de l’éducation, les autres candidats souhaitent que les entreprises s’investissent plus dans l’orientation des jeunes, sans néanmoins aller jusqu’à plaider pour une responsabilité éducative des entreprises comme le recommande VersLeHaut.

Valérie Pécresse et Éric Zemmour proposent d’associer également d’autres institutions pour faciliter cette implication des entreprises : les régions la première, le ministère de l’Industrie pour le deuxième.

Quant aux alliances éducatives préconisées par VersLeHaut pour changer l’éducation en profondeur, tous les candidats y sont favorables sauf ceux situés les plus à droite. Éric Zemmour et Marine Le Pen plaident tous deux pour que le « terrain d’action de chacun soit précisément délimité » selon les propos du premier.

En particulier, Valérie Pécresse et Emmanuel Macron proposent de donner plus d’autonomie aux établissements pour porter des projets éducatifs locaux.

Personnalisation des parcours et égalité des chances

Qu’en est-il des propositions des candidats pour que les jeunes aient un vrai parcours d’orientation et de réussite, plutôt que d’être sélectionnés à la sortie par l’échec ?

Tous les candidats souhaitent que les jeunes soient accompagnés dans la construction de leur projet d’orientation, Marine Le Pen avec un campus des métiers, Anne Hidalgo avec un passeport orientation ou Emmanuel Macron avec une demi-journée « Avenirs ».

À droite, il est proposé en plus un parcours spécifique pour les élèves en difficulté. Valérie Pécresse souhaite des classes de soutien pour les élèves n’ayant pas réussi un examen d’entrée en sixième. Quant à Éric Zemmour et Marine Le Pen, ils veulent l’instauration d’un « collège pluriel » avec une possibilité d’orientation professionnelle dès le collège.

Sur la question particulière de l’accompagnement des élèves en situation de handicap, seul Éric Zemmour propose de développer leur scolarisation en milieu spécialisé.

Enfin, concernant la valorisation de l’engagement des jeunes dans le cadre scolaire, les vecteurs avancés par les candidats sont multiples.

Pour Jean-Luc Mélenchon et Anne Hidalgo, il faut s’appuyer sur l’éducation à la citoyenneté et la démocratie scolaire. Emmanuel Macron et Valérie Pécresse se saisissent, eux, de leur souhait de territorialiser les projets éducatifs des établissements en y intégrant un « volet engagement ».

À l’extrême droite, l’incitation à l’engagement doit s’effectuer à travers les enseignements déjà existants, l’histoire et la littérature pour Éric Zemmour et le sport pour Marine Le Pen.

Adosser une Charte de l’éducation à la Constitution : une proposition qui divise

À la dernière question de VersLeHaut sur la possibilité d’adosser la Charte élaborée par les États généraux de l’éducation à la Constitution, la moitié des prétendants à l’Élysée botte en touche.

Mais l’autre moitié se montre très favorable à un débat parlementaire de fond sur l’éducation, à l’occasion de la rédaction de la Constitution de la Sixième République pour Jean-Luc Mélenchon, du renouvellement législatif pour Anne Hidalgo et après une réflexion sur la Charte en question pour Éric Zemmour.

Télécharger la synthèse des programmes éducatifs des candidats