Le décryptage de VersLeHaut « 40 ans d’éducation prioritaire : désillusions sociales, nouveaux modèles éducatifs »

« A chacun selon ses besoins » : c’est le pari de l’Education prioritaire pour mieux accompagner les apprentissages dans les zones où les élèves et leur famille cumulent les difficultés. 40 ans après sa création en 1981, le pari de l’Education prioritaire a-t-il été remporté ?

20 % des élèves en Éducation prioritaire, c’est aussi …

  • 4 critères : nombre de boursiers, de familles appartenant aux CSP défavorisées, de résidents en Zones urbaines sensibles et de redoublants avant la 6ème
  • Plus de 1000 réseaux constitués d’un collège et des écoles du secteur
  • 36 % d’enseignants de moins de 35 ans contre 23% hors-REP
  • 4 % de surcoût par rapport au budget de l’Education nationale (Cour des comptes, 2018)
  • De 20 % à 35 % d’écart de niveau en 2023 entre l’éducation prioritaire et les autres établissements en fonction des disciplines contre un objectif fixé à 10 %

L’analyse de VersLeHaut en 5 points

Un système construit par tâtonnements successifs : l’Education prioritaire ne constitue pas un modèle fixe et résulte davantage de réformes organisationnelles et de créations de postes d’enseignants que d’une véritable stratégie. Au gré des alternances politiques, elle se traduit cependant par un renforcement des liens entre l’école et les acteurs territoriaux : entre écoles et collèges, entre établissements et acteurs sociaux, entre équipes pédagogiques et familles.

Éducation prioritaire et politique de la ville, deux versants (aveugles ?) d’une même ambition : la Politique de la ville répond aux constats d’un enclavement économique et social des zones urbaines sensibles tandis que l’éducation prioritaire s’adresse prioritairement aux enfants issus de l’immigration, particulièrement éloignés des codes de la réussite scolaires. Les personnels concernés se côtoient cependant peu : enseignants d’un côté, éducateurs, associations et collectivités de l’autre. La création des cités éducatives, en 2019, vise à mieux articuler les dimensions scolaires, sociales et culturelles de l’action publique.

Pas de mixité scolaire sans mixité sociale : fondée sur une « alliance de classe », l’éducation prioritaire est souvent prise au piège des stratégies d’évitement des classes moyennes. Dès les années 1990, on observe une fuite des familles les plus favorisées vers les établissements privés sous contrat. Ce phénomène souligne combien les politiques scolaires peuvent être mises en échec, voire se révéler contre-productives, au regard des comportements individuels.

Choyons les enseignants ! En pleine crise de recrutement, l’incitation à l’Éducation prioritaire est un enjeu-clé. Nous sommes loin d’avoir rendu l’enseignement en REP vraiment attractif. Au-delà des primes, comment insuffler aux professeurs l’envie de s’engager pleinement et durablement pour ces élèves.

Et si le futur de l’école se dessinait en Éducation prioritaire ? Les enseignants des REP sont souvent pionniers à plus d’un titre pour le renouvellement des pratiques éducatives. Classes sans notes, autonomie des élèves, co-enseignement, … autant de dispositifs éprouvés quotidiennement pour amener les élèves à réellement s’approprier les apprentissages. Pour la plupart, ils sont nés de l’adaptation de la pédagogie qu’exige, et encourage, l’Éducation prioritaire.

Nos recommandations

  • Favoriser la mixité grâce à des partenariats locaux, incluant le privé sous contrat
  • Valoriser l’expertise acquise en Éducation prioritaire dans les carrières des enseignants
  • Consolider, valoriser et diffuser le référentiel de l’éducation prioritaire
  • Renforcer les partenariats entre avec les acteurs éducatifs de proximité, notamment au travers de la pérennisation des cités éducatives
  • Simplifier le paysage !

Retrouvez le détail des recommandations de VersLeHaut dans le décryptage.

Les initiatives qui nous inspirent :

OEPRE : ouvrir l’école aux parents d’élèves allophones

« Ouvrir l’école aux parents pour la réussite des enfants » (OEPRE) est un dispositif conjoint du ministère de l’Education nationale et du ministère de l’Intérieur, qui prévoit l’accueil et l’information des parents récemment arrivés en France et ne maîtrisant par la langue française dans les écoles hors temps scolaires. Le dispositif vise à offrir aux parents des modules d’apprentissage de la langue française et de découverte du système scolaire français.

Au sein de l’établissement scolaire, la mise en place de l’atelier OEPRE permet souvent de mobiliser l’équipe pédagogique pour organiser d’autres initiatives à destination des parents telles que le Café des parents. Cela se traduit par une plus grande implication des parents dans la scolarité de leur enfant.

Le choix de l’école : accompagner l’entrée dans le métier des nouveaux enseignants

En partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale, l’association « Le Choix de l’école » accompagne la reconversion dans l’enseignement de jeunes diplômés et actifs qui souhaitent exercer une profession avec une contribution sociale forte. ” Le Choix de l’école » les forme et les accompagne pendant leurs deux premières années d’exercice dans des établissements situés en quartiers prioritaires : écoles primaires, collèges, lycées généraux, technologiques et professionnels.

Pendant 2 ans, les enseignants bénéficient de 300 heures de formation par des professionnels expérimentés de l’Éducation nationale, un campus d’été d’un mois pour préparer leur première rentrée scolaire ; tout au long de l’année, un accompagnement dans leur matière et sur des sujets transversaux : climat de classe, orientation, décrochage scolaire, différenciation pédagogique, etc.

Depuis 2015, 310 jeunes diplômés et jeunes actifs, âgés de 22 à 35 ans, se sont reconvertis dans l’enseignement au sein de l’Éducation nationale avec Le Choix de l’école.

  • 55 000 élèves scolarisés en quartiers prioritaires ont eu un enseignant accompagné par Le Choix de l’école dans 4 académies partenaires : Créteil, Versailles, Paris, Aix-Marseille.
  • À l’issue de leurs deux premières années avec l’accompagnement du Choix de l’école, plus de 55% des enseignants passent les concours de l’éducation et deviennent titulaires.

Citoyenneté Jeunesse

Depuis plus de 30 ans, l’association Citoyenneté Jeunesse déploie des actions visant à offrir aux jeunes des outils pour mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons afin de les aider à y prendre toute leur place. L’association conçoit des projets où création et réflexion suscitent l’esprit critique et participent à l’émancipation des jeunes.

Citoyenneté Jeunesse est une association généraliste en termes de pratiques artistiques et explore dans ses projets la transversalité entre les disciplines.

Les projets de l’association sont construits autour des trois piliers de l’éducation artistique et culturelle : Faire (par la pratique artistique collective), Voir (spectacles vivants, expositions) et Echanger (temps de rencontre, de verbalisation…).

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