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Sommaire

Un baromètre, 3 populations,
9 éditions

Le baromètre Jeunesse&Confiance est publié tous les ans depuis 2015 en partenariat avec l’institut de sondage Opinionway. Sa récurrence dans le temps – nous présentons cette année la 9ème édition – en fait un outil précieux pour suivre les tendances à l’œuvre. Grâce à ses trois collèges – jeunes, parents, chefs d’entreprises – ce baromètre permet de confronter les regards sur des réalités partagées : rapport à la société, à l’avenir, à l’école…

A la recherche des clés de la confiance

Cette édition 2023 poursuit notre investigation des nouveaux modèles éducatifs, après avoir abordé les sujets de la participation et de l’engagement ces dernières années. Face aux bouleversements et aux menaces qui pèsent sur son avenir, l’éducation peut-elle apporter des nouvelles réponses à une jeunesse en quête de confiance ? Et puis d’ailleurs, confiance en qui, en quoi ?

 

Confiance en soi d’abord qui s’impose de plus en plus comme le grand discriminant des jeunesses. Masculine ou féminine, urbaine ou rurale, aisée ou populaire, diplômée ou non : la confiance agit sur les aspirations des jeunes comme un inhibiteur dont la géométrie variable souligne le poids des inégalités sociales, culturelles et familiales.

 

Confiance dans les autres ensuite et notamment celle de la jeunesse envers ses aînés – enseignants, éducateurs, dirigeants d’entreprises, leaders politiques. Les fragilités du tissu social renforcent l’importance de l’entourage pour former ses projets et construire son parcours de vie. Les jeunes ne s’y trompent pas et plébiscitent les liens et les réseaux.

 

Confiance dans l’avenir enfin, notamment au regard de l’omniprésence des menaces qui pèsent sur la planète. Notre focus annuel s’attache aux réponses que l’éducation peut apporter à la crise environnementale et à celles que les jeunes, les parents et les chefs d’entreprises appellent de leurs vœux, notamment au travers d’une plus grande part donnée au vécu et à la proximité.

 

A l’heure où l’optimisme pour l’avenir ressort cette année au plus bas depuis le lancement du baromètre – en baisse de onze points depuis 2018, notre système éducatif ne peut faire l’économie d’un diagnostic en profondeur des besoins des jeunes et des solutions que l’éducation peut leur apporter dans cette quête de confiance.

La confiance, une injonction contemporaine ?

Les jeunes perçoivent bien l’importance de la confiance, dont ils adoptent volontiers la posture. Pourtant le manque de confiance en eux les pousse à renoncer régulièrement à certaines de leurs aspirations : activités, orientation, emploi. Jusqu’où ? Qui sont les plus concernés ? De quoi ont-ils besoin pour dépasser leurs inhibitions ?

la confiance des jeunes recouvre des disparités importantes

Première distinction, les jeunes hommes et les jeunes femmes n’affichent pas le même niveau de confiance en eux (83 % contre 65 %). Ces résultats sont cohérents avec d’autres études récentes sur des populations similaires .

Cette différence sexuée dans l’appréciation de l’estime de soi et de la confiance en soi dans les sociétés occidentales est par ailleurs largement documentée.

Plus surprenant, les jeunes ayant suivi leur scolarité en éducation prioritaire se présentent plus volontiers comme ayant confiance en eux (+ 9 points).

Les jeunes ayant suivi leur scolarité en éducation prioritaire se présentent plus volontiers comme ayant confiance en eux

Au delà des effets de politiques volontaristes, l’environnement peut accentuer une « injonction à la confiance » destinée à surmonter les difficultés.

Cette hypothèse semble plausible au vu des renoncements à leurs aspirations que reconnaissent ces mêmes jeunes (cf. infra).

Le statut des jeunes joue également sur leur perception : si 78 % des étudiants affirment avoir confiance en eux, seuls 57 % des jeunes demandeurs d’emploi portent un jugement similaire. Ce qui confirme qu’une expérience peu valorisante – ne pas trouver d’emploi – affecte la confiance.

81 % renoncent à leurs aspirations faute de confiance

La manque de confiance des jeunes, s’il n’est pas reconnu spontanément, se manifeste quand on les interroge sur leur disposition à aller au bout de leurs aspirations.

Une fois encore, certaines catégories de jeunes se sentent particulièrement empêchées par ce déficit d’assurance. Plus de trois quarts des jeunes femmes affirment que leur manque de confiance en elles les amène parfois à renoncer prendre la parole en public (+13 points par rapport aux jeunes hommes).

Cette difficulté à prendre la parole constitue un obstacle professionnel aussi bien que personnel. Une enquête de 2022, « Les français et la prise de parole en public », montre que pour 43 % des 18 à 25 ans, leur expression orale a pu constituer un handicap.

Les jeunes femmes renoncent davantage à prendre la parole en public

Par ailleurs, 74 % des jeunes scolarisés en éducation prioritaire affirment avoir parfois renoncé à une formation qui les intéressait faute de confiance en eux.

Ce phénomène d’auto-censure est bien documenté. Par exemple, une récente note d’information du ministère de l’Éducation nationale pointe la corrélation entre les caractéristiques socio-économiques des familles et les souhaits d’orientation en seconde.

Ce blocage concerne également le domaine des activités sportives et de loisirs : 64 % des jeunes résidant en zone urbaine sensible reconnaissent qu’il leur est arrivé de s’abstenir de telles activités par manque de confiance en eux.

Des outils pour cultiver la confiance

Les jeunes et leurs parents plébiscitent le mentorat et les outils éducatifs comme leviers pour cultiver la confiance en soi et surmonter les blocages.

55 % des jeunes souhaiteraient ainsi participer à des ateliers de gestion du stress et des émotions. Ce chiffre monte même à 73 % pour les jeunes résidant en zone urbaine sensible.

48 % des jeunes affirment par ailleurs souhaiter bénéficier de formation à la prise de parole en public – 64 % pour ceux ayant fréquenté des établissements en éducation prioritaire.

Côté parents, ce type de programme suscite surtout l’intérêt des plus diplômés (bac+2 et au-delà) qui sont 73 % à souhaiter que leurs enfants y participent contre seulement 50 % de ceux qui ont un niveau de diplôme inférieur au bac.

73 % des jeunes résidant en zone urbaine sensible souhaiteraient apprendre à mieux gérer stress et émotions, contre 49 % de ceux qui n’y vivent pas

Le mentorat suscite l’intérêt d’un jeune sur deux et de près de deux-tiers des parents.

Les jeunes peu favorisés sur le plan socio-économique (en zone urbaine sensible ou en éducation prioritaire) le plébiscitent particulièrement. Ils sont près de deux-tiers à souhaiter en bénéficier contre 45 % des jeunes n’ayant pas fréquenté l’éducation prioritaire. Les plus intéressés sont ceux qui déclarent avoir confiance en eux et être optimistes dans l’avenir.

On note également que ceux qui vivent dans Paris et sa proche banlieue sont les plus convaincus : ils sont 57 % à se dire intéressés contre 48 à 51% dans les autres catégories d’agglomération.

Là encore, les parents les plus diplômés sont ceux qui y voient le plus d’intérêt : 70 % des parents ayant un niveau bac ou plus sont intéressés contre seulement 45 % de ceux ayant un niveau de diplôme inférieur au bac.

La relation, terreau de la confiance

Pour construire leur confiance en l’avenir, les jeunes doivent pouvoir s’appuyer sur leur entourage : parents, frères et sœurs, proches, enseignants, éducateurs, mentors. Certains liens libèrent, émancipent. D’autres oppressent ou fragilisent. Sur qui peuvent-ils compter ? Qui leur inspire confiance autour d’eux ?

Les jeunes s’appuient sur leurs parents et leur entourage

Les parents sont la première figure de soutien affichée par les jeunes. 85 % d’entre eux estiment pouvoir compter sur eux (dont 60 % « tout à fait »). Ce soutien parental apparaît largement sécurisant pour les jeunes. Ainsi 70 % des jeunes qui estiment pouvoir compter sur leurs parents sont optimistes pour leur propre avenir contre seulement 54 % de ceux qui considèrent ne pas pouvoir compter sur eux.

A ce titre, on peut noter l’importance de bénéficier d’un autre entourage pour les 15 % de jeunes qui affirment ne pas pouvoir compter sur leurs parents. Cette fragilité initiale d’une frange non négligeable d’entre eux renforce l’idée que si les parents sont les premiers éducateurs, ils ne doivent pas être les seuls.

Les jeunes considèrent d’ailleurs majoritairement pouvoir compter sur d’autres soutiens : dans leur famille (frères et sœurs, grands-parents, etc.) ou en dehors (proches, enseignants). 46 % des jeunes, et même 63 % des jeunes en éducation prioritaire, comptent également sur les éducateurs hors école – mentors, animateurs.

Au total, ils sont 96 % à estimer pouvoir compter sur au moins une de ces figures.

La présence d’un entourage élargi impliqué dans le parcours éducatif et professionnel des jeunes limite donc les inégalités et les fragilités relatives au soutien parental. Les jeunes vivant en communes rurales sont par ailleurs plus enclins à déclarer pouvoir compter sur du soutien autour d’eux. Ils sont même 32 % à estimer pouvoir compter sur toutes les figures proposées (contre 22 à 23 % des jeunes résidant dans d’autres catégories d’agglomération).

La famille contribue a forger la confiance des jeunes

Les jeunes qui estiment pouvoir compter sur leurs parents sont généralement plus optimistes, affirment avoir plus confiance en eux, sont moins enclins à renoncer à leurs aspirations : activités sportives et culturelles, orientation, emploi.

Mais quelques éléments doivent nous amener à nuancer ce tableau. Ainsi, les jeunes qui estiment bénéficier d’un soutien parental sont plus nombreux (70 %) à reconnaître avoir renoncé à prendre la parole en public du fait d’un manque de confiance en eux !

Ils sont également plus nombreux que les autres à déclarer éprouver de la tristesse face aux problématiques environnementales (56% contre 47% de ceux qui estiment ne pas pouvoir compter sur leurs parents).

Les parents portent un regard souvent biaisé sur leurs enfants qui tend probablement à orienter quelque peu leur soutien. Ainsi, ils ont tendance à surestimer l’adéquation entre les choix d’orientation ou professionnels et les aspirations de leurs enfants. Là où les jeunes sont 78% à percevoir une adéquation, ce chiffre monte à 84% chez leurs parents.

Ils sont également plus nombreux que les autres à déclarer éprouver de la tristesse face aux problématiques environnementales (56% contre 47% de ceux qui estiment ne pas pouvoir compter sur leurs parents).

Les parents portent un regard souvent biaisé sur leurs enfants qui tend probablement à orienter quelque peu leur soutien. Ainsi, ils ont tendance à surestimer l’adéquation entre les choix d’orientation ou professionnels et les aspirations de leurs enfants. Là où les jeunes sont 78% à percevoir une adéquation, ce chiffre monte à 84% chez leurs parents.

Ainsi, une récente enquête de l’INJEP sur les parcours de jeunes femmes en milieu rural, illustre à la fois un soutien des mères dans les choix professionnels de leurs filles mais également une tendance à freiner leur émancipation. La dépendance que créé ce lien familial tend à perpétuer certains mécanismes d’autocensure.

L’ambivalence du lien parental s’exprime également dans le phénomène d’hyper-parentalité. Prétendre contrôler la trajectoire de son enfant – quitte à désirer savoir où il est en permanence – peut traduire la volonté d’accompagner mais également évoquer une forme douce d’oppression qui repousse pour le jeune l’horizon d’autonomie.
 
La forte corrélation observée entre satisfaction de la situation actuelle et soutien des parents – 81% contre 59 % chez les jeunes qui affirment ne pas pouvoir compter sur eux – est donc à considérer au regard de cette ambiguïté entre contrôle et autonomie.

Le fait d’aller à l’encontre des aspirations des parents constitue un risque de tension et de rupture du soutien qui peuvent pousser les jeunes à endosser les attentes de leurs parents. La corrélation entre tensions familiales et précipitation de l’indépendance des jeunes est en effet avérée.
 
Les plus jeunes sont d’ailleurs beaucoup plus enclins à déclarer pouvoir compter sur leurs parents – 91% pour les moins de 20 ans contre 80% pour les 23-25 ans – ce qui peut s’interpréter comme un reflux de l’influence parentale au fur et à mesure de l’augmentation des capacités d’autonomisation du jeune.
 
Les moins de 20 ans déclarent davantage pouvoir compter sur leurs parents (+ 11 points par rapport aux 23-25 ans)

Faire l'expérience de la confiance

L’optimisme vis-à-vis de leur avenir et la confiance en eux des jeunes sont influencés par leur parcours. Quelles expériences contribuent à leur donner confiance ? Comment sont-ils affectés par la transition entre études et entrée dans le monde professionnel ?

l’école de la confiance reste à construire !

Le parcours scolaire apparaît à la fois comme un passage obligé de la réussite professionnelle mais également comme une expérience insuffisante pour développer le sentiment de confiance chez les jeunes. Certes, 74 % des jeunes interrogés estiment que réussir leur scolarité c’est assurer leur réussite professionnelle (et cette proportion est en nette augmentation depuis 2020 : +9 points).

3 jeunes sur 4 estiment que réussir leurs scolarité c‘est assurer leur réussite professionnelle

Cependant, les trois populations consultées – jeunes, parents et dirigeants d’entreprise – partagent le constat de lacunes sévères du système scolaire pour permettre aux jeunes d’aborder leur avenir professionnel avec assurance. Un jeune sur deux et un parent sur deux, seulement, font confiance au système éducatif français pour accompagner les jeunes dans leur orientation et les aider à avoir confiance en eux.

La confiance dans l’école est cependant plus élevée chez les jeunes issus de milieux moins favorisés (zone urbaine sensible, éducation prioritaire). Sans complètement remplir ses missions liées à l’émancipation et à l’égalité des chances, l’institution scolaire semble encore être perçue comme jouant un rôle relatif mais actif dans la diminution du poids des déterminismes.

Côtés dirigeants d’entreprise, le constat est sévère. Ils ne sont que 19 % à considérer que l’enseignement que reçoivent les jeunes à l’école est adapté aux réalités du monde du travail !

le travail, libérateur de confiance

En comparant les degrés de confiance – en soi, dans l’avenir – des jeunes encore étudiants ou déjà en emploi, on constate que l’expérience de l’emploi a un effet positif sur plusieurs aspects de la confiance : optimisme dans l’avenir, confiance en soi, réseau pour construire son projet professionnel, connaissance de ses points forts et des métiers où ils peuvent s’employer.

Le sentiment que les entreprises font confiance au jeunes est en progression constante depuis 2015

Ces résultats sont à mettre en perspective avec la confiance accordée aux jeunes en entreprise. Si les jeunes sont encore minoritaires à considérer que les entreprises font suffisamment confiance aux jeunes (43%), ce score est en constante et spectaculaire progression depuis 2015 (+23 points).

La confiance appelle la confiance

Un élément frappe dans l’analyse des résultats : les différents objets de la confiance – soi, les autres, l’avenir – sont loin d’être indépendants. Ainsi, par exemple, l’optimisme pour l’avenir est très présent chez les jeunes affichant par ailleurs une forte confiance en eux, une confiance dans le personnel politique, dans les entreprises, etc.

Quelques chiffres : chez ceux qui affichent avoir « tout à fait » confiance en eux, 87% sont optimistes pour leur avenir ; chez ceux qui pensent que les entreprises font « tout à fait » confiance aux jeunes, 85% sont optimistes pour leur avenir ; chez ceux qui ont « tout à fait » confiance dans les élus pour défendre les intérêts des jeunes, 82% sont optimistes pour leur avenir.

La confiance dans le système éducatif est également beaucoup plus forte chez les jeunes ayant confiance en eux, dans les élus et ayant le sentiment que les entreprises leur font confiance.

Ce sentiment de confiance généralisé touche certes une petite minorité des jeunes : ils ne sont par exemple que 9 % à estimer que les entreprises font tout à fait confiance aux jeunes et à faire tout à fait confiance dans les femmes et hommes politiques pour défendre leurs intérêts une fois élus. Ils sont par ailleurs 22 % à estimer avoir tout à fait confiance en eux.

Néanmoins, cette minorité n’est pas forcément celle que l’on croit ! Ainsi, la proportion des jeunes ayant tout à fait confiance dans les politiques monte à 22 % chez les jeunes résidant en zone urbaine sensible. Ces derniers sont également 21 % à considérer que les entreprises font tout à fait confiance aux jeunes et 32 % à estimer avoir tout à fait confiance en eux.

Cette propension à la confiance et à l’optimisme est déjà ressortie dans d’autres études par le passé (par dans “Perceptions et attentes des habitants des zones urbaines sensibles” menée par l‘IFOP en 2013). Certaines conditions objectives (diplôme, emploi, ressources) jouent sur le fait d’avoir une confiance très élevée mais seulement à la marge. D’autres facteurs moins rationnels y participent parfois plus massivement.

L‘optimisme paradoxal des jeunes de zone urbaine sensible

Ces chiffres interrogent sur les déterminants de la confiance. Celle-çi ne semble pas toujours naître d’un calcul d’intérêt individuel ou de l’observation de l’efficacité de l’action des personnes ou institutions concernées (forme dérivative de la confiance) mais parfois découle d’une disposition, un élan d’adhésion assez peu relié aux bénéfices avérés (forme fondamentale de la confiance).

Le poids du défi environnemental

Les défis environnementaux influent à la fois sur le bien-être et le moral des jeunes mais également sur leurs aspirations. A quel degré ? Quelles catégories de jeunes se sentent les plus concernés ? En ressortent-ils déterminés ou accablés ?

L’environnement est cité comme un des trois principaux enjeux pour la France par 39 % des jeunes répondants (en deuxième position derrière le pouvoir d’achat cité par 47% d’entre eux) et c’est l’enjeu le plus souvent mentionné en premier (devant le pouvoir d’achat et la sécurité).

Les jeunes semblent ainsi considérer l’environnement comme un enjeu plus important que la moyenne de la population française.

Dans un récent sondage commandé par le Conseil économique, social et environnemental (CESE) – à consulter dans le rapport État de la France 2023 publié en octobre dernier- l’environnement apparaît en effet comme la troisième préoccupation des français (citée par 32% d’entre eux).

un impact réel sur leur vie et leur parcours éducatif

Pour 75% d’entre eux, elles ont un impact important sur leur capacité à se projeter dans l’avenir. Certains profils sont particulièrement touchés. Chez les jeunes travaillant dans l’agriculture, le chiffre monte à 85%, ce qui peut se comprendre étant donné les changements importants qui frappent ces métiers. Ce sont généralement les jeunes les plus âgés (23-25 ans) et en emploi qui estiment l’impact plus important.

Leur moral et leur bien-être est également touché pour 71% d’entre eux voire même 80% de ceux qui ont un emploi stable (contre 68% des étudiants). Signe que ces problématiques sont quelques peu occultées chez les jeunes qui sont surtout préoccupés par la sécurisation de leur propre parcours.

Enfin 61% des jeunes interrogés considèrent qu’elles ont également un impact important sur leurs projets, d’études ou professionnels.

A noter que les jeunes résidant en zone urbaine sensible (70%), ayant fait tout ou partie de leur scolarité en REP (70%) ou vivant dans des communes rurales (72%) sont plus nombreux à considérer cet impact comme « important ».

75% des jeunes estiment que les enjeux environnementaux affectent de façon importante leur capacité à se projeter dans l'avenir

Si les jeunes ruraux sont probablement plus conscients des impacts du fait d’une plus grande proximité avec les enjeux agricoles – soit dans leur propre parcours, soit dans leur entourage immédiat – il est plus difficile d’interpréter l’impact perçu par les jeunes urbains de milieux populaires.

Peut-être sont-ils plus sensibles aux menaces car conscients d’être moins armés face à l’incertitude que des jeunes de milieux plus aisés.

71% des jeunes sont pessimistes pour la planète. Ils affichent un état d’esprit négatif sur ces questions. Ainsi, une majorité d’entre eux dit éprouver de la peur et de la tristesse face aux problématiques environnementales (53% et 54% respectivement).

La peur touche surtout les jeunes les moins optimistes pour leur avenir, ayant peu confiance en eux et faisant peu confiance dans le personnel politique ainsi que les jeunes femmes.

La tristesse touche plus ceux qui ne travaillent pas et, paradoxalement, ceux qui estiment pouvoir bénéficier du soutien de leurs parents.

Seuls 19% des jeunes disent éprouver de l’indifférence. La confiance est également peu citée sauf par ceux résidant en ZUS ou ayant fréquenté l’éducation prioritaire (+12 ou 13 pts).

A noter que l’état d’esprit des jeunes et de leurs parents est relativement proche.

Comment éduquer à l'environnement ?

Les défis environnementaux influent à la fois sur le bien-être et le moral des jeunes mais également sur leurs aspirations. A quel degré ? Quelles catégories de jeunes se sentent les plus concernés ? En ressortent-ils déterminés ou accablés ?

Des projets concrets plutôt que des enseignements !

Une majorité des jeunes répondants (58 %) et de leurs parents (61 %) estiment que la participation des élèves et étudiants à des projets ayant un impact concret sur l’environnement permettrait de mieux préparer les jeunes à faire face aux enjeux environnementaux.

Cette solution éducative est largement préférée aux autres options proposées :

  • des enseignements dédiés cités par seuls 34% des jeunes et des parents ;
  • une orientation plus tournée vers les secteurs liés à l’environnement : 34% des jeunes et 32% des parents ;
  • des opportunités d’années de césure pour s’engager hors du système éducatif : 24% des jeunes, 21% des parents.
Cette aspiration s’accompagne du sentiment que le système éducatif n’est pour l’instant pas totalement à la hauteur de cet enjeu même s’il emporte la confiance d’une majorité des répondants (54% chez les jeunes, 58% chez les parents, 61% chez les dirigeants).
Une récente enquête menée par l’association Ecolhuma auprès des enseignants utilisateurs de sa plateforme « ÊtrePROF » montre un certain alignement avec les aspirations et les attentes des jeunes et des parents. Les enseignants se sentent très largement concernés par l’éducation au développement durable, sont déjà nombreux à avoir mis en place des initiatives pour l’environnement au sein de leurs établissements ou dans la classe – promotion d’écogestes, activités manuelles, actions concrètes sur le terrain, classe dehors – et expriment l’envie d’en faire plus.
 
A condition, précisent-ils, qu’on leur en fournisse les moyens – aménagement de temps de préparation, outils d’expertise pédagogique, accompagnement.

Une éducation qui ne peut se limiter à l’initiative individuelle

L’opportunité de proposer de telles solutions dans le parcours de chaque jeune est à mettre en regard de la très faible proportion d’entre eux (seulement 4 %) qui se déclarent déjà engagés dans des associations ou des actions collectives agissant sur la question des défis environnementaux.

Si le souhait de s’engager est majoritaire (55 % des jeunes), le passage à l’action semble plus compliqué.

Ils identifient plusieurs freins à leur engagement dont certains – le manque de temps cité par un tiers des jeunes, l’impression d’un déficit d’impact évoqué par 40 % d’entre eux – pourraient plaider pour une inscription plus systématique dans les différents cursus, quelle que soit la voie choisie.

Certains parcours sont plus systématiquement propices à l’engagement qui tend à devenir à son tour un enjeu de distinction sociale. L’éducation à l’environnement sera d’autant plus efficace qu’elle s’inscrira dans des projets concrets leur permettant d’expérimenter leur capacité d’action effective.

Ce qui peut être fait à l’école mais également en entreprise. 61 % des dirigeants se disent d’ailleurs prêts à aménager le temps de travail pour les jeunes qui souhaitent s’engager pour l’intérêt général, par exemple en consacrant du temps à une association.

Efforts individuels, aspirations collectives

Si les jeunes semblent plébisciter l’adaptation des modes de vie individuels, ils en appellent également à des changements au niveau de la société. Quels acteurs leur inspirent confiance pour initier ces changements ? Qui sont facteurs d’inertie ? Quels obstacles identifient-ils ?

Les trois collèges de répondants s’accordent sur un fait : face aux défis environnementaux, la société doit changer en profondeur (59 % des jeunes, 66 % des parents, 68 % des dirigeants d’entreprise).

Quelles formes doit prendre ce changement ?

L’action individuelle plus spontanément privilégiée

Lorsqu’on interroge les jeunes sur les moyens les plus efficaces pour agir sur les enjeux environnementaux, la réponse la plus citée relève de l’action individuelle : « en adaptant votre mode de vie, vos comportements » !

63 % des jeunes citent cette solution loin devant l’engagement dans une association ou une ONG (mentionnée par 43%).

Certains profils sont plus enclins à privilégier cette option : 73% des étudiants et lycéens, 71% des moins de 20 ans et 65% des jeunes habitant en province. Ces profils ont peut-être en commun une forme d’éloignement par rapport aux lieux de pouvoir et de décision. Les plus jeunes encore en étude ne sont pas encore en position « active ».

Quant aux jeunes de province, ils peuvent avoir le sentiment que les décisions politiques et collectives se prennent loin d’eux.

Leurs parents sont encore plus formels : 79 % mentionnent l’adaptation des modes de vie.

Des limites qui soulignent les aspirations collectives

Cette préférence pour l’action individuelle doit cependant être nuancée au regard des obstacles à l’engagement identifiés par les jeunes souhaitant s’engager.

Les obstacles les plus cités viennent souligner les limites de l’action individuelle : on n’en perçoit pas les effets, elle est annulée par l’inaction des plus grosses structures, etc. Ce qui permet de lire en creux des aspirations plus collectives.

Celles-ci sont particulièrement visibles lorsqu’on interroge la responsabilité des entreprises.

Une écrasante majorité des répondants estime important qu’elles prennent des engagements en matière de réduction de leur impact sur l’environnement : 83 % des dirigeants d’entreprise eux-mêmes, 87 % des jeunes et 91 % des parents !

La valorisation de l’engagement au sein d’une association paraît fortement corrélée au niveau de diplôme : 51 % des détenteurs d’un diplôme supérieur à bac+2 contre seulement 37 % de ceux qui n’ont pas le bac.

Ce qui peut laisser craindre une certaine fracture sociale dans la perception des réponses à apporter aux enjeux environnementaux.

Les jeunes qui se sentent les plus éloignés des espaces de décision et de pouvoir ne verraient que l’issu individuelle, au risque d’une méfiance vis-à-vis des ambitions collectives. Les jeunes les plus diplômés ou se sentant plus proches des structures d’action collective se verraient de fait sur-représentés au risque d’une méconnaissance des réalités vécues par les populations invisibilisées.