Vendredi soir, un professeur a été décapité par un terroriste islamiste. Un professeur a été décapité parce qu’il exerçait son métier au service de la République et des jeunes générations.  

Toutes nos condoléances vont à la famille et aux proches de la victime. Nos pensées vont aussi aux collègues et aux élèves de ce professeur qui a perdu la vie en remplissant sa mission.  

Ce crime abject montre une fois de plus, après tant dattentats, tant d’autres menaces, que l’islamisme ne cherche pas seulement le séparatisme ; il veut assoir sa domination par la force et la peur. Cette volonté se manifeste notamment à l’école qui est un champ de bataille prioritaire pour les islamistes, comme on pouvait le déplorer dès 1989, avec l’affaire du foulard à Creil. Cet attentat odieux appelle des réponses extrêmement fermes. Ces réponses doivent être d’ordre judiciaires et policières, mais pas seulement.   

1. Manifestons le soutien de la Nation aux enseignants 

Il est temps de manifester notre soutien à tous le corps enseignant. Face à la menace islamiste, les enseignants doivent savoir que toute la Nation est rassemblée avec eux. Ils ne doivent pas craindre les représailles lorsqu’ils font cours. Ils ne doivent pas se priver de transmettre les savoirs et les valeurs qui relèvent de leur mission. Le Ministre de l’Education nationale a annoncé il y a quelques semaines un “Grenelle des professeurs” pour remettre à plat les conditions de travail et de rémunération des enseignants. Il faudrait que ce Grenelle des professeurs s’ouvre largement, à toute la société civile. Et qu’il devienne l’occasion pour la Nation de manifester à l’égard des enseignants, sa reconnaissance et son soutien dans le combat qui est engagé contre la barbarie. 

Cet attentat, qui fait suite à des attaques répétées contre l’enseignant, montre la solitude des acteurs éducatifs face aux menaces et tentatives de déstabilisation. Alors que les islamistes avaient réussi à mobiliser des relais contre ce professeur qu’ils traitaient de “voyou”, l’enseignant et l’institution mis en cause étaient trop seuls. Les enseignants, les chefs d’établissement ne doivent pas être isolés en première ligne. Ils ont besoin de notre gratitude et de la mobilisation continue des responsables politiques, des intellectuels, de l’opinion publique. 

2. Renforçons la formation des enseignants sur les sujets délicats, qui sont devenus des questions de vie ou de mort 

A travers ce crime ignoble, on perçoit que certains sujets ne sont plus seulement une source potentielle d’ennuis ou de polémiques pour les enseignants. Ils deviennent une question de vie ou de mort. Plus que jamais, les enseignants ont donc besoin d’être accompagnés pour oser mener leur mission, sans compromission. Ils ont besoin d’être mieux formés, pour aborder avec intelligence les questions de la laïcité, de la liberté de conscience, de la liberté d’expression, des faits religieux ; mais aussi certains thèmes historiques ou scientifiques qui suscitent régulièrement des levées de bouclier. Il n’est pas question de s’interdire d‘aborder des sujets sensibles. Il est en revanche important de les traiter avec justesse, pour toucher les intelligences et les cœurs, sans braquer les consciences. L’important pour l’école n’est pas de “cocher les cases” d’un programme, mais bien de partager ses trésors, afin de lutter efficacement contre la menace et d’élever les jeunes. 

3. Développons de nouvelles relations entre les familles et l’école 

Cet événement révèle aussi la difficulté à éduquer quand famille et école ne sont pas du tout sur la même longueur d’ondes. Faut-il laisser le jeune au milieu d‘un conflit de loyauté insoluble ? Comment régler un différend lorsque des principes fondamentaux de la République sont en jeu ? Les représentants de parents d’élèves peinent à jouer leur rôle et les enseignants, tout comme les personnels de direction, sont peu formés à ce sujet. Il faut dire que l’école a si souvent l‘habitude de travailler sans les familles... Parmi les pistes à creuser : l’organisation d’échanges en début d‘année pour faire le point avec les parents sur les sujets sensibles qui pourraient être abordés pendant la scolarité. Les parents doivent pouvoir faire part de leurs craintes et réticences en amont. Charge à l’institution de les rassurer, avec fermeté et expertise. Il ne s’agit pas de céder à des pressions, ou de soumettre les programmes scolaires à un comité de censure parentale mais d’ouvrir le dialogue avec les familles en leur disant avec clarté et autorité ce qui est non-négociable dans l’enseignement scolaire. Cela ne changera sans doute rien pour les extrémistes mais la plupart des parents seront rassurés par ce temps d’échanges et les islamistes ne pourront alors plus jouer sur des peurs souvent fantasmées. On identifiera aussi en amont les difficultés pour les aborder avec une vigilance particulière et responsabiliser les parents si des tensions surviennent ensuite avec les élèves. 

4. Ayons une véritable ambition éducative pour la jeunesse 

Face à la pression des islamistes, nous devons enfin répondre par une ambition éducative renforcée. Cette éducation ne doit pas se limiter à une mise en compétition intellectuelle des individus ou au développement de compétences techniques. Il est indispensable de donner aux jeunes les armes de résistance intérieure contre la barbarie : la capacité à développer une intériorité, à prendre du recul, pour ne pas céder aux pulsions de l’immédiateté Il faut aussi lutter contre l’ignorance qui entretient le “choc des incultures” et mettre l’accent sur le partage d’une culture commune, à commencer par la maîtrise de la langue, qui permet de structurer la pensée et d’entrer en relation avec les autres. Il faut aussi que l’éducation permette aux jeunes de vivre l’amitié au-delà des différences culturelles, sociales ou religieuses. Dans cette perspective, nous devons proposer dans les parcours éducatifs des occasions pour les jeunes de se mettre ensemble au service de la Cité. C’est l’ambition du service civique universel mais nous devrions intégrer un temps de service dans le temps scolaire, dès le primaire. Rendre les jeunes acteurs de la Cité, leur permettre de la construire ensemble, c’est le meilleur anticorps pour contrer les semeurs de haine et de chaos. 

 Marc Vannesson, délégué général de VersLeHaut, think tank dédié aux jeunes et à l’éducation 


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