Des doutes, des questionnements, un mal-être, un besoin de parler ? La ligne Fil Santé Jeunes peut être une solution. Une équipe pluridisciplinaire de professionnels répond aux jeunes de 12 à 25 ans par téléphone mais aussi par chat. Depuis 30 ans, 7 jours sur 7, de 9h à 23h ces professionnels formés aux problématiques de la santé mentale répondent, aiguillent, parfois apaisent, et proposent un pas de côté pour penser des solutions. 

Repères
¤ En 2025, 1 jeune sur 4 souffre de dépression.[1]
¤ 94% des jeunes se disent inquiets pour au moins un enjeu majeur : leur avenir personnel (68%), l’actualité internationale (83%) ou la crise environnementale (77%).[2]
¤ Seuls 37% des jeunes âgés de 18 à 24 ans déclarent qu’il est facile pour eux de parler de leurs problèmes de santé mentale. [3]

La jeunesse : se construire en affrontant ses insécurités

Ce dispositif de prévention se décline sous différentes formes : chat individuel, ligne téléphonique, forum entre pairs avec modérateurs, publications variées apportant des éclairages sur la santé et les difficultés rencontrées par les jeunes. La palette de thèmes abordés est elle aussi très large. Le mal-être est présent dans la majorité des conversations (60 %), mais d’autres sujets reviennent souvent : la sexualité, la contraception, la recherche d’emploi ou encore la gestion des relations amoureuses. Autant de préoccupations qui poussent les jeunes à solliciter un professionnel pour en parler.

L’orientation est au cœur de ce dispositif. Les jeunes sont écoutés pour être guidés vers d’autres professionnels de santé, sur le territoire, à même de proposer une prise en charge au regard de la problématique abordée. Ce que nous retenons de notre échange avec, Bruno Verrecchia, responsable du service de téléphonie sociale : « Notre rôle c’est d’ouvrir un espace sécurisant sans se substituer aux professionnels de terrain. Nous sommes une passerelle et permettons « l’aller vers », là où se trouvent les professionnels de terrain. » En ce sens, ils n’assurent pas de suivi régulier mais répondent à une demande ponctuelle. 

« Nous sommes une passerelle, nous travaillons avec les jeunes l’idée « d’aller-vers » et les accompagnons pour qu’ils puissent aussi trouver des solutions pour eux-mêmes. » Bruno Verrecchia

S’il y a autant d’appels que de besoins, les motivations, elles, semblent quasi systématiquement les mêmes. Ce qui est recherché avant tout, c’est la promesse de l’anonymat, la possibilité d’être écouté sans jugement mais aussi parfois rompre l’isolement. Fil Santé Jeunes propose et assure un cadre bienveillant où les jeunes pourront se livrer s’ils le souhaitent en toute confiance.

L’âge, ainsi que la situation familiale, scolaire et relationnelle sont tout de même précisés au cours de l’entretien, pour faciliter les conseils des professionnels à l’écoute et orienter au plus près sur les territoires où se trouvent les jeunes. Parfois, une levée d’anonymat peut être appliquée, avec l’accord du jeune. Ces situations sont rares, apparaissent lorsque le jeune est confronté à un danger avéré qui requiert l’appel aux secours ou aux pompiers.

Une activité qui se développe pour d’autres publics

Fil Santé Jeunes est un des volets de l’Ecole des Parents et des Educateurs (EPE). L’association se découpe en trois pôles – parentalité, jeunesse et formation – et met à disposition deux lignes téléphoniques : Fil Santé Jeunes et la ligne Inter Service Parents. Cette séparation permet de mieux cerner les besoins et de proposer un service adapté selon le profil de l’usager. Ainsi, sur la première ligne d’écoute, les jeunes sont entendus seuls, sans accompagnement d’un parent, d’un proche ou d’un enseignant. Dans certains cas, comme le harcèlement scolaire, le jeune et ses parents sont reçus – bien que séparément. Cela permet d’offrir aux parents des clés de compréhension et d’action, tout en répondant à leur sentiment d’impuissance.

Dans l’optique d’apporter une expertise pour la construction et l’élaboration des politiques publiques en faveur de la santé de la jeunesse, chaque année, cette équipe d’une trentaine de professionnels – psychologues cliniciens, psychothérapeutes, psychomotriciennes, assistantes sociales, médecins – mène une enquête en ligne. L’enquête 2025, dont le sondage est encore en cours, a pour thème « la violence » sous toutes ses formes. Les résultats de ces recherches annuelles sont des outils et indicateurs précieux pour l’action quotidienne de l’opérateur public Santé publique France. La dernière enquête, La sexualité, tu en penses quoi ?[4], avait déjà permis de mettre en évidence des chiffres frappants concernant les violences sexuelles : 29% des répondants ont déjà été forcés à des attouchements sexuels au cours de leur vie et 14% ont déjà été forcés à avoir des rapports sexuels contre leur volonté.

La demande évolue mais jamais ne décroît

Aujourd’hui, de plus en plus de jeunes se tournent vers le chat plus que l’appel. Le besoin reste le même, seule la temporalité diffère. Les questions qui arrivent par chat sont plus ou moins étayées, et les mots choisis par les jeunes donnent à voir aux professionnels où se situe la demande. La réponse quant à elle se doit d’aller à l’essentiel tout en permettant aux jeunes d’exprimer ses inquiétudes sans tabou. Le média The Conversation parle d’une transformation profonde des usages et des normes de communication numérique qui est plus orientée vers les messages que les appels.

Sur le premier trimestre de 2025, Fil Santé Jeunes a reçu 69 000 appels et chats pour 17 000 demandes traitées (30% des appels et 50% des chats). Le N° 0800 235 236, numéro national et présent dans les DROM et pays francophones, montre bien la nécessité de son action bien que la demande est toujours plus prégnante.  

Depuis la crise du Covid-19, la santé mentale a pris une place prépondérante sur la scène médiatique mais aussi au sein de nos sociétés. Les actions doivent se poursuivre et parfois même se renforcer afin que chacun puisse trouver les moyens de se sentir bien. Désignée Grande Cause nationale en 2025, elle est au cœur de toutes les attentions. Déstigmatisation, développement de la prévention, amélioration de l’accès aux soins, accompagnement des personnes concernées… Une attention particulière pour des résultats cependant encore en deçà des attendus.

Agathe Olory


[1] « Santé mentale des jeunes de l’Hexagone aux Outre-mer. Cartographie des inégalités » Enquête de l’Institut Montaigne, l’Institut Terram et la Mutualité Française, Septembre 2025.

[2] Ibid.

[3] Enquête Ipsos-CESI école d’ingénieurs pour France 2 sur la santé mentale des Français, Mai 2025 

[4] Enquête menée auprès de 1097 participants