Dans une chronique réalisée en partenariat avec l’application ludo-éducative Bayamnous répondons aux questions que vous pouvez vous poser en lien avec l’éducation de vos enfants, élèves, petits-enfants… Cette semaine, Bérengère Wallaert, chargée d’études pour VersLeHaut, vous informe des apports du plurilinguisme à vos enfants. 

Parler, communiquer, rassembler

La langue est un outil de communication et une façon de construire sa pensée. C’est aussi une façon de voir le monde, de partager une culture et des références communes. C’est particulièrement vrai en France où la langue joue un rôle particulier. “Ma patrie, c’est la langue française”, disait Albert Camus. Il est donc indispensable de permettre à tous nos enfants de maîtriser le français, alors que nombre d’entre eux sont à la peine. Pour autant, cet engagement en faveur du français doit-il se faire au détriment des autres langues ?

On le sait, c’est une chance pour un enfant d’entendre au berceau une deuxième langue largement parlée dans le monde, telle que l’anglais, l’espagnol, le chinois… Pour un enfant qui grandit en France, et qui baigne pour des raisons familiales dans ces langues à la maison, on imagine bien les facilités scolaires et professionnelles que cela représentera pour lui.

Mais qu’en est-il des langues “rares ” ou peu utilisées dans le monde économique international  ? Est-ce un avantage dans le parcours scolaire de l’enfant ?

Bien sûr, bénéficier des apports d’une autre culture est toujours riche pour une personne, qui voit ainsi son univers s’élargir. La maîtrise du langage est en effet décisive pour la réussite scolaire. Comme l’expliquait déjà le chercheur en psychologie cognitive Alain Lieury dans les années 1990 : “Il y a plus de corrélation entre le niveau de vocabulaire et la réussite scolaire qu’entre le quotient intellectuel et la réussite scolaire.

Ce qui compte, c’est la qualité du langage…

Le langage le plus qualitatif est celui qui permet de développer des concepts élaborés, d’utiliser des phrases complexes, de manier les jeux de mots et de la pensée, l’humour, l’implicite, les différents niveaux de langages… Ce qui peut se faire dans n’importe quelle langue, bien sûr  ! L’erreur serait de se contraindre à parler à son enfant dans une langue unique appauvrie (et avec des erreurs) sous prétexte que la langue maternelle n’aurait aucune utilité scolaire ultérieure.

Bien au contraire, ceux qui apprennent plusieurs langues à la fois, ou qui apprennent le français dans un second temps, bénéficient des subtilités présentes dans les deux langues, ce qui apporte une grande richesse à la finesse et à la souplesse de la pensée.

Favoriser la compréhension d’un nombre important de mots

Et plus encore, les chercheuses Nathalie Berthomier et Sylvie Octobre ont même observé (à propos d’enfants de 12 mois) que “le plurilinguisme, loin de freiner l’apprentissage, favorise la compréhension d’un nombre important de mots, par rapport à un enfant qui ne parle qu’une langue” :

“Quand la mère parle en plusieurs langues à l’enfant, celui-ci voit ses chances de comprendre 11 à 12 mots multipliées par 1,3.

Notons que, à part pour certains mots très liés à l’un de ses parents (un petit anglais de mère française savait dire “rouge à lèvres ” mais ignorait “ lipstick”), les enfants bilingues connaissent les concepts dans les deux langues. Comme ils gèrent un volume de vocabulaire supérieur, il n’est pas étonnant qu’ils parlent en général un peu plus tardivement. Il n’y a là aucun trouble particulier.

Il y a toutefois une petite exception à la règle  : les parents d’enfants présentant une difficulté particulière à l’apprentissage du langage (lié à un trouble particulier, ou à un handicap cognitif…) se verront parfois proposer par l’orthophoniste de choisir une langue de communication. Et encore, pas pour tous les sujets  ! Pour dire ses émotions et son affection, il est toujours plus facile pour le parent d’utiliser sa propre langue maternelle. Et ces mots-là ont une valeur inestimable. Dans toutes les langues.

Lire la chronique sur le site de Bayam

Pour lire la précédente chronique cliquez ici