La Direction des études, de la prospective et de la performance du ministère de l’Éducation nationale publie le 100ème numéro de la revue Éducation & Formations. Parmi les articles, une étude sur les trajectoires scolaires des jeunes issus de l’immigration. Sont relevées par exemple, la réussite des enfants d’origine asiatique, surtout chez les filles, et, a contrario, les difficultés des enfants d’origine africaine, notamment des garçons. Au-delà des aspects économiques et sociaux souvent relevés dans les statistiques ministérielles, cette étude met en lumière des aspects culturels qu’il convient de prendre en considération pour mieux accompagner les jeunes, quelle que soit leur origine.

Les familles immigrées ne disposent pas toujours des mêmes ressources que les autres pour accompagner leurs enfants : une part plus importante des parents sont eux-mêmes peu ou pas diplômés. La barrière de la langue peut aussi être un frein, tout comme le rapport à l’école ou le contexte social.
La culture d’origine joue sur les aspirations scolaires. En moyenne, les performances scolaires des élèves d’immigrés sont moins bonnes et ils s’orientent davantage vers les filières moins valorisées. Cependant, comme le montrait la recherche internationale « Ethnic Educational Inequalities in comparative perspective », l’obtention du baccalauréat est parfois plus élevée chez les familles immigrées car les aspirations scolaires sont fortes. En effet, l’aspiration au baccalauréat, devenu la norme, atteint 80%. Beaucoup voient dans l’école un moyen d’intégration et de contrer les futures difficultés et discriminations rencontrées dans le monde du travail.

On voit toutefois une différence quant aux niveaux des filières et des types de baccalauréat. Selon le panel 2007 de la DEPP, les enfants issus des populations immigrées obtiennent davantage de baccalauréats technologiques et professionnels que généraux, sauf ceux venant d’Asie, dont 63 % (pour les filles) et 52 % (pour les garçons) obtiennent des baccalauréats généraux.
Autre exemple : 30 % des familles, notamment portugaises, pensent que le baccalauréat est suffisant pour trouver un emploi, sans le besoin de passer un autre diplôme.

Dans “Tous éducateurs ! Et vous ?” (Bayard, 2017), VersLeHaut invitait à prendre davantage en considération ces aspects culturels, en associant mieux les parents, pour lutter contre le déterminisme et favoriser la réussite de chaque jeune.

> Education & Formations n° 100 – DEPP (Décembre 2019)
Chapitre « Trajectoires scolaires des enfants d’immigrés jusqu’au baccalauréat : rôle de l’origine et du genre. Résultats récents » – Yaël Brinbaum