L’OCDE1 et l’IGESR2 ont publié deux études dans les dernières semaines, qui viennent rappeler l’urgence de réformes d’ampleur dans le domaine de l’orientation 

La perspective internationale de l’OCDE remet en avant des réalités rendues plus sensibles par les conséquences de la crise du Covid pour les publics des jeunes entrants sur le marché du travail. Cette approche rappelle également que la France, malgré ses spécificités, n’est pas la seule à faire face à des enjeux d’évolution de son modèle d’orientation.  

Un modèle d’orientation obsolète 

En France comme ailleurs, l’école a un rôle essentiel à jouer, pour compléter et élargir l’horizon du cercle familial qui reste souvent le premier lieu où se décide l’orientation d’un jeune. Or en 2018 moins de 60% des jeunes de 15 ans des pays de l’OCDE avaient parlé à un conseiller d’orientation.  

Le système d’orientation français est héritier d’une approche de régulation des flux, qui se traduit concrètement par une orientation par l’échec. Les élèves qui montrent des performances scolaires satisfaisantes sont poussés à poursuivre dans la voie générale, tandis que les autres sont poussés vers la voie technologique au sein du lycée, ou professionnelle.  

Cela mène bien des jeunes à une impasse : dans l’OCDE, près de 4 élèves sur 10 ont une ambition professionnelle qui ne correspond pas à son parcours éducatif.  

De même, les discours sur les voies professionnelle et technologique sont contradictoires : on en parle comme de voies d’excellence, mais tout le système d’orientation en fait des « voies de garage ». « L’ambition scolaire » est ramenée à un nombre d’années d’études, indépendamment de l’exigence des parcours ou de l’adéquation des études longues avec le projet professionnel des élèves.   

Comme le souligne l’IGESR, cela est aussi lié aux outils mis en place : le développement des procédures d’affectation est en contradiction flagrante avec l’idée d’une orientation choisie par et pour les élèves.  

La solution passe par des alliances éducatives renforcées, qui dépassent le cadre de l’école 

Le livre blanc des Etats Généraux de l’Education invite à « diversifier les parcours de réussite au lieu de sélectionner par l’échec » (défi 4). Cela signifie de sortir des cadres actuels qui bien souvent enferment les élèves dans des schémas de reproduction sociale davantage qu’ils n’ouvrent d’horizons.  

L’OCDE offre des pistes solides pour une orientation efficace, qui doit commencer au moins au collège : 

  • La rencontre régulière avec des professionnels, que ce soit lors de forums professionnels ou lors d’interventions en classe 
  • L’expérience vécue du monde professionnel à travers par exemple le bénévolat et les emplois étudiants ou encore les stages 
  • Le travail sur l’alignement entre orientation scolaire et ambition professionnelle de l’élève 

Le rapport de l’IGESR formule pour la France un ensemble de propositions dont beaucoup correspondent aux préconisations portées par VersLeHaut. En particulier :  

  • Une meilleure coordination des acteurs publics impliqués dans l’orientation 
  • Une plus grande lisibilité des parcours et un accès à l’information sur une plus grande variété de formations possibles, pour les élèves, les familles et les enseignants 
  • Un changement du discours sur la diversité des voies de formation 

Cependant, au-delà des instances publiques, il est essentiel de s’appuyer sur les expériences réussies dans le champ de l’orientation, en particulier celles déployées par des associations en lien avec les enseignants et les familles. De nombreux professionnels ont développé des modules de formation et d’accompagnement qui ont fait leurs preuves, auprès des enseignants, des élèves et/ou des parents,3. C’est une ressource essentielle sur laquelle bâtir un modèle français d’orientation adapté à la diversité des réalités de terrain.  

Il faut également renforcer le lien de l’école avec les entreprises et autres employeurs, que ce soit dans la définition des parcours de formation, le développement d’une réelle politique d’accueil de stagiaires (du collège au supérieur), ou encore pour que la formation tout au long de la vie devienne une réalité. C’est tout le sens de la responsabilité éducative des entreprises, élément incontournable de la Responsabilité Sociétale des Entreprises. A ce titre, les Écoles de Production offrent un exemple riche d’enseignements.