A l’époque des fake news et des fact checking, quel apprentissage des médias pour les jeunes ?

 

Hier, mardi 5 décembre 2017, le quotidien La Croix publiait un dossier intitulé Comment aider nos enfants à s’informer. Retour sur l’éducation à l’information.

Consulter le dossier de La Croix

Les jeunes picorent l’information

La multiplicité de supports (applications, réseaux sociaux, radio, etc.) rend difficile le traitement du flot d’information constamment offert aux jeunes : « ce n’est pas parce [qu’ils] présentent souvent une meilleure maîtrise technique des outils numériques qu’ils savent s’informer », analyse Virginie Sassoon (responsable du pôle Formation et labo du CLEMI, Centre pour l’éducation aux médias et à l’information) pour La Croix.

Cette difficulté est d’autant plus présente que des fake news (littéralement « informations truquées ») se répandent régulièrement et facilement dans les médias dits non-traditionnels. S’il ne s’agit pas d’un phénomène nouveau, il reste que la diffusion de ces campagnes de désinformation (volontaires ou non) est facilitée par l’usage massif des réseaux sociaux.

La difficulté pour les plus jeunes d’évaluer la fiabilité d’une information serait accentuée par le fait qu’ils « picorent l’information », selon les mots d’Arnaud Mercier (Professeur en sciences de l’information à l’Institut français de presse) : « [l’information] leur apparaît donc de façon morcelée, émiettée, ce qui pose des problèmes de mise en perspective globale ».


Près de la moitié des 18-24 ans ne retraitent pas une information lue sur Facebook

Ainsi, selon une étude publiée en mars 2017 par l’Observatoire du webjournalisme – relayée par le média généraliste Slate dans son article Voici comment les jeunes français consomment de l’information sur Facebook :

73 % des 18-24 ans déclarent accéder à l’information par le biais des réseaux sociaux, de façon volontaire (en accédant à la page d’un média) ou accidentelle (par un lien recommandé par un membre de leur communauté)

Parmi ces jeunes qui accèdent à l’information grâce à Facebook :

  • 54 % des utilisateurs “informés” et 67,50 % des utilisateurs “peu informés” du réseau social considèrent que les informations reçues sur leur fil d’actualité Facebook comme un mixte entre des informations fiables et des informations peu fiables ;
  • 11 % des utilisateurs confirmés et 26,50 % des utilisateurs moins aguerris considèrent les informations reçues par ce biais comme des informations fiables ;
  • 23 % des utilisateurs confirmés et 6 % des utilisateurs non-confirmés manifestent une défiance généralisée à l’égard de ces informations.

Près de la moitié des 18-24 ans n’ont donc pas le réflexe de retraiter une information reçue par Facebook.

Le défi concerne les plus jeunes, chez lesquels il faut « éveiller un esprit critique, une capacité à prendre du recul pour aborder l’actualité, sans verser pour autant dans une méfiance généralisée vis-à-vis des médias traditionnels », souligne Denis Peiron pour La Croix.


La solution ? L’éducation à l’information.

L’ÉMI (éducation aux médias et à l’information) a été inscrite dans la loi pour la refondation de l’école de la République (9 juillet 2013), qui a modifié deux articles du Code de l’éducation :

Extrait de l’Article L. 321-3 alinéa 2 : « [La formation dispensée dans les écoles élémentaires] contribue […] à la compréhension et à un usage autonome et responsable des médias, notamment numériques ».

Article L.332-5 : « La formation dispensée à tous les élèves des collèges comprend obligatoirement […] une éducation aux médias et à l’information ».

Si l’éducation Nationale s’est saisie de cette éducation aux médias et à l’information, notamment par le biais de la Semaine de la presse et des médias dans l’école que le CLEMI organise annuellement à destination des élèves et de leurs professeurs, il reste que la majorité des informations est consommée à la maison. Les parents sont donc les premiers éducateurs aux médias et à l’information de leurs enfants.

Le dossier de La Croix présente plusieurs pistes pour orienter les parents à cette éducation, comme l’abonnement à une presse jeunesse spécialisée ou un temps de décryptage du journal télévisé. De la même façon, le CLEMI a créé un « espace familles » sur son site Internet où sont accessibles plusieurs ressources pour les parents (des conseils comme l’attitude à adopter suite à l’exposition de son enfant à des images violentes, ou un guide téléchargeable La famille Tout-Ecran).