L’Apel (Association des Parents d’Élèves de l’Enseignement Libre) a publié, ce mercredi 29 novembre, une étude réalisée par BVA sur le sujet La réforme du BAC : une attente forte des parents *.

Si les parents sont attachés au baccalauréat, ils ne se déclarent pas satisfaits de la forme actuelle de l’examen.

* échantillon : 800 parents d’enfants scolarisés à l’école, au collège ou au lycée, dans l’enseignement public ou privé.

Mercredi 29 novembre, à l’occasion de son petit-déjeuner débat annuel au Sénat, l’Apel a convié plusieurs experts à s’exprimer sur la question Le bac : quels enjeux ?

Les intervenants étaient ainsi :

  • Éric Charbonnier, analyste à la direction de l’Éducation de l’OCDE ;
  • Bruno Magliulo, inspecteur d’académie honoraire ;
  • François Taddéi, directeur du Centre de recherches interdisciplinaires.

Vers Le Haut vous propose un compte-rendu des interventions des experts.

Pour aller plus loin : la note de décryptage publiée par Vers Le Haut en juin 2017


télécharger la Note de décryptage “BAC_quels enjeux derrière la réforme_VERS LE HAUT” (juin 2017)

Le nombre de bacheliers est en constante augmentation. Il y a une hausse du niveau scolaire de la population, ce qui représente un enrichissement culturel collectif, mais aussi une dégradation du diplôme et de sa valeur individuelle.

La difficulté ? Le baccalauréat a gardé le même statut depuis le Code Napoléon : il n’est pas qu’un certificat de fin d’études, il est surtout le premier grade universitaire et un droit d’accès à l’enseignement supérieur à travers l’accès non-sélectif à l’Université.

Deux axes peuvent être envisagés pour la réforme du baccalauréat :

  • une réforme technique par une modulation du nombre et du type d’épreuves ;
  • une réforme globale du lycée, qui aurait des répercussions sur la forme et le contenu de l’examen.

La réforme technique

Comme la majorité des parents (72 %), Éric Charbonnier et l’Apel sont favorables à un allègement de l’examen final du baccalauréat, qui ne porterait plus que sur quelques matières.

En effet, la forme actuelle de l’examen du baccalauréat fait que les élèves passent en moyenne 12 épreuves, chiffre qui peut monter à 17 selon les options choisies par les élèves, contre une moyenne européenne de 6 ou 7 épreuves. L’objectif serait ainsi que le baccalauréat français s’aligne sur la moyenne européenne quant au nombre d’épreuves imposées aux élèves. L’alignement s’accompagnerait de l’instauration d’un contrôle continu tout au long de l’année pour les matières qui ne feraient plus l’objet d’un examen final.

Éric Charbonnier et l’Apel se sont également dits favorables à l’instauration d’un bac modulaire « à la carte » (comme 74 % des parents), comme cela existe au Royaume-Uni et en Finlande. L’idée ? Chaque élève choisirait ses enseignements de spécialité selon son projet professionnel.

Cet examen plus modulaire serait donc adapté au profil du jeune et valoriserait son projet professionnel, tout en facilitant son insertion sur le marché de l’emploi car il sortirait du lycée en étant plus adapté au monde du travail.

La réforme globale

La difficulté résiderait dans le fait que la fonction actuelle du lycée serait de « former des têtes bien pleines » là où le marché du travail réclame de plus en plus des « têtes bien faites » (Bruno Magliulo).

Bruno Magliulo et François Taddéi se rejoignent sur la solution à adopter face à cette difficulté : mettre l’accent sur le savoir-être du jeune en lui permettant d’apprendre à travailler en équipe, à émettre des critiques constructives, à développer sa créativité et à exprimer ses talents.

« On peut passer à côté des talents de cette jeunesse si on ne sait pas lui offrir différentes façons de l’exprimer »
François Taddéi

Ces positions sont confortées par les résultats du sondage les 16-29 ans jugent le système éducatif, publié en mars 2015 par OpinionWay pour le compte d’Agefa PME et du Printemps de l’Optimisme. En effet, selon cette étude, 95 % des jeunes de cette tranche d’âge répondent favorablement à la question « Estimez-vous que le système éducatif français aurait besoin d’être réformé ? ».

Ils réclament l’amélioration en priorité de deux missions du système éducatif français :

  • L’encouragement de l’autonomie, de la créativité et de l’esprit d’initiative ;
  • L’intégration dans le monde du travail et l’apprentissage des codes de l’entreprise.

Il faudrait donc s’intéresser à de nouvelles méthodes d’apprentissage et d’évaluation des nouveaux acquis de l’élève, parfois au détriment des matières “plus traditionnelles”.

Par ailleurs, il a été précisé que l’instauration d’un bac modulaire « à la carte » pourrait s’accompagner d’une suppression des filières telles qu’elles existent au sein du baccalauréat général (comme en Finlande). Seulement 48 % des parents sont favorables à une telle suppression, mais elle permettrait dans les faits de valoriser le profil de l’élève. En effet, selon les chiffres évoqués par Éric Charbonnier, 52 % des lycéens demandent à passer en filière S (scientifique). Ce fort taux ne s’expliquerait pas par la volonté de ces lycéens de poursuivre leurs études dans le domaine scientifique, mais parce que la filière S apparaîtrait comme plus valorisée pour la suite des études, dans l’esprit des lycéens.

Tous les intervenants se sont accordés sur le fait que dans le cadre de telles réformes du baccalauréat (ou du lycée), les enseignants, voire les chefs d’établissements, devraient suivre de nouvelles formations qui leur permettraient d’être à même d’accompagner les jeunes dans leurs choix d’orientation et dans la construction de leur projet professionnel.

Et l’Apel de conclure :

« Les élèves ne sont pas au lycée pour préparer un examen, ils sont au lycée pour préparer leur avenir »

Ces évolutions ne pourront se faire sans une concertation de toutes les parties prenantes de l’éducation, sous peine de voir renaître les mêmes blocages institutionnels et oppositions idéologiques qui paralysent toute velléité de réforme dans l’Education Nationale.

C’est pourquoi Vers Le Haut appelle à des Etats Généraux de l’Education, afin de :

  • Définir l’ambition éducative que nous voulons porter pour la jeunesse de notre pays.
  • Définir la feuille de route des réformes éducatives à entreprendre pour la prochaine décennie.
  • Écrire une « Constitution éducative » gravant dans le marbre les fondamentaux de l’éducation que nous voulons pour notre pays.

À consulter : l’étude BVA réalisée pour le compte de l’Apel.