À 23 ans, Bastien a déjà traversé plusieurs réalités : celle d’une petite ville du Berry où il a grandi, celle de Bordeaux où il a étudié, et celle de Paris où il termine son master en gestion de patrimoine. Rencontre avec un jeune qui assume son attachement à la campagne tout en explorant les opportunités de la ville.
VersLeHaut : Tu as grandi à Issoudun, dans le Berry. Quels souvenirs gardes-tu de ta scolarité en province ?
Bastien : J’ai fait toute ma scolarité à Issoudun, jusqu’au bac. C’était un petit lycée privé avec très peu d’élèves : en section ES, nous n’étions que huit ! Finalement, cette proximité avec les profs et entre élèves a été une vraie chance. Ça m’a permis de décrocher le bac, mention assez bien, alors que je doutais de moi et que je ne pensais pas forcément faire d’études. Ma sœur m’a beaucoup poussé à continuer, je lui dois beaucoup.
VLH : En quoi grandir dans une petite ville t’a aidé ?
B. : Avec le recul, je réalise que c’était un vrai confort de vie. J’avais la chance de rentrer chez moi tous les midis, de manger avec mes parents, de profiter d’une maison spacieuse et d’un environnement calme. La campagne t’offre une liberté simple : prendre ta voiture sans embouteillage, être au grand air, faire tes courses en cinq minutes. Tout paraît plus fluide. À Paris, le moindre déplacement prend une demi-heure et la fatigue s’accumule. Finalement, ce cadre plus apaisé m’a donné une stabilité qui m’a aidé à réussir.
VLH : À l’adolescence, tu avais pourtant envie de “grande ville”…
B. : Oui, bien sûr. Comme beaucoup, à 15 ou 16 ans, je rêvais de Paris, de rencontres, de vie nocturne, d’un horizon plus vaste. Mais aujourd’hui, je vois ce que j’ai gagné à Issoudun : la sécurité, le calme, une vraie qualité de vie. C’est drôle, parce qu’à l’époque je trouvais ça trop petit… et maintenant, je me rends compte que c’était un luxe.
Comme beaucoup, à 15 ou 16 ans, je rêvais de Paris, de rencontres, de vie nocturne, d’un horizon plus vaste.
VLH : Quel regard portes-tu aujourd’hui sur Paris, où tu termines tes études ?
B. : La capitale bouge tout le temps, il y a une énergie incroyable. Mais c’est aussi épuisant. Les transports, le bruit, le rythme effréné… On a peu de moments pour soi. En campagne, on a ce temps, ce recul. J’ai l’impression qu’ici, le temps va beaucoup plus vite. Et puis, ce calme me manque. Je comprends totalement pourquoi tant de parisiens finissent par s’installer hors de la ville.
VLH : Tu as aussi étudié à Bordeaux. Est-ce une ville qui représente un “entre-deux” ?
B. : Exactement. Bordeaux, c’est plus à taille humaine. On circule à vélo, on est près de l’océan… Moi qui surfe, je pouvais finir mes cours et filer à la mer en moins d’une heure. C’est une ville dynamique, mais qui reste agréable à vivre, un peu comme un compromis entre le calme de la province et l’énergie d’une métropole.
VLH : Cette expérience nourrit-elle ta réflexion pour l’avenir ?
B. : Complètement. Je sais que je n’ai pas envie de passer toute ma vie à Paris. J’y ai appris beaucoup de choses, j’y ai mon alternance, mais mon équilibre personnel est ailleurs : dans un cadre plus calme, proche de la nature, avec un rythme moins oppressant. Si je peux combiner mon travail avec ce mode de vie, ce serait l’idéal.
VLH : Tu termines aujourd’hui tes études à Paris, en alternance dans l’immobilier. Comment vis-tu cette étape ?
B. : L’alternance est extrêmement formatrice. En quelques mois, j’ai appris plus que dans des années de cours : les visites, le digital, la création d’outils… Et surtout, j’ai gagné en confiance et en réseau. Je regrette presque de ne pas avoir persévéré dès ma première année. Aujourd’hui, j’aime mon travail et mes collègues. Un CDI m’attend probablement, ce qui n’était pas du tout mon plan initial.
VLH : Justement, quels sont tes projets pour la suite ?
B. : J’hésite entre accepter ce CDI et repartir à l’étranger. J’ai déjà vécu trois mois en Australie, une expérience marquante qui m’a donné le goût du voyage et de l’autonomie. Mon rêve serait de travailler en remote, depuis l’étranger, tout en conciliant passions et travail.
Cette interview a été réalisée en 2022. Trois ans plus tard, nous avons repris contact avec Bastien pour savoir où il en est aujourd’hui.
VLH : Trois ans après cette première interview, où en es-tu aujourd’hui ?
B. : Depuis, j’ai fait un grand détour ! Après mes études, j’ai accepté un CDI à Paris. Mais très vite, je me suis rendu compte que tout allait trop vite, que ce rythme effréné n’était pas fait pour moi. Au bout de quelques mois, j’ai préféré partir. Je suis retourné vivre à Issoudun pendant un temps, ce qui m’a permis de retrouver mes racines et ma famille. J’ai aussi voyagé quatre mois à Bali, une expérience qui m’a confirmé à quel point j’ai besoin de liberté et d’exploration. Et dans un mois, je pars m’installer à Biarritz, où j’ai trouvé un poste en finances. C’est une belle manière de combiner carrière et cadre de vie : je vais pouvoir travailler dans mon domaine tout en vivant au bord de l’océan.
VLH : S’installer à Biarritz, c’est une nouvelle étape. Est-ce que ce nouveau départ t’enthousiasme ou t’inquiète un peu ? Est-ce que tu as déjà des attaches ou un réseau sur place, ou c’est vraiment une page blanche pour toi ?
B. : Franchement, je suis trop content ! J’adore Biarritz et j’ai déjà quelques potes sur place, donc je ne pars pas totalement de zéro. En plus, je vais pouvoir surfer régulièrement, ce qui est génial. La seule petite inquiétude, c’est de me sentir un peu “bloqué” dans un CDI, mais je me dis que ça va le faire.
Propos recueillis par Marion Denis