Les résultats de l’étude Pirls (Progress in International Learning Literacy Program) pour 2016 ont été diffusés ce matin, mardi 5 décembre 2017 (à consulter ici).

La méthode

Tous les cinq ans dans 61 pays ou régions, l’International Association for the Evaluation of Educational Achievement (IEA) mesure les performances en lecture des élèves qui terminent leur quatrième année de scolarité obligatoire (CM1 en France). Les élèves doivent lire douze textes courts (histoires, articles) dont le vocabulaire est adapté à leur âge.

Ensuite, ils doivent répondre :

  • à un questionnaire à choix multiples portant sur leur compréhension du texte (67 % de réussite en France) ;
  • puis à des questions pour lesquelles il leur est demandé de rédiger un résumé de texte ou une argumentation sur un sujet relatif au texte (40 % de réussite en France).

Le but n’est donc pas uniquement de vérifier si les enfants savent lire, mais aussi et surtout de vérifier s’ils savent comprendre et interpréter ce qu’ils lisent.

Les résultats

La France a obtenu un score de 511 points, la plaçant au 34e rang sur 50 pays. Lors de la précédente édition de cette étude, réalisée dans 45 pays en 2011, la France avait obtenu du score de 520 points. Elle se situait alors au-dessus de la moyenne internationale qui s’élève à 500 points, mais en-deçà de la moyenne européenne de 534 points.

Il faut noter qu’en 15 ans, la France est le seul pays avec les Pays-Bas qui a régressé dans ce classement.

Le top du classement de cette étude ?

  • La Russie, avec 581 points ;
  • Singapour, avec 576 points ;
  • Hong Kong, avec 569 point ;
  • L’Irlande, avec 567 points ;
  • La Finlande, avec 566 points ;
  • La Pologne et l’Irlande du Nord, avec 565 points.

L’Afrique du Sud est le dernier pays du classement, avec 320 points.

L’interprétation de ces résultats

Si les élèves français savent lire, ils ont en revanche beaucoup plus de lacunes dans la compréhension de ce qu’ils lisent et dans son interprétation. Alors que la France est marquée par de fortes inégalités scolaires et que le niveau de compréhension dépend entre autres du vocabulaires, les carences lexicales apparaissent particulièrement chez les élèves les plus faibles.

Cette étude montre que le démarrage précoce de la lecture présente des avantages durables : les bons lecteurs ont des environnements familiaux qui favorisent l’apprentissage de la lecture.

« C’est souvent sur [la] compréhension fine – celle qui demande le plus de raisonnement – que nos élèves pèchent dans les comparaisons internationales, pour une raison assez simple : c’est qu’ils sont assez peu entraînés à ça. On sait que les pays dans lesquels ils sont les mieux entraînés à ça, il y a un enseignement systématique à cette compréhension et que en France, cet enseignement de la compréhension c’est un peu le parent pauvre de la lecture ».

Roland Goigoux – Professeur des universités en science de l’éducation et coordinateur de l’Étude de l’influence des pratiques d’enseignement de la lecture et de l’écriture sur la qualité des premiers apprentissages entre 2013 et 2015 – au micro de France Inter (à écouter ici).

Ces mauvais scores interviennent un mois et demi après le lancement de la campagne « Ensemble pour un pays de lecteurs » par le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer et la ministre de la Culture Françoise Nyssen, visant à ce que les élèves français travaillent mieux la lecture dès la maternelle.

Ces mauvais scores sont également publié un an seulement après que l’étude TIMSS (Trends in International Mathematics and Science Study), coordonnée par la même association, ait classé les élèves français en-dessous de la moyenne européenne pour les mathématiques et les sciences (à consulter ici).

Il faut cependant noter que les élèves testés en 2016 sont entrés en maternelle en 2008, lors de la mise en œuvre des nouveaux programmes, lourdement critiqués. La prochaine étude Pirls (2021)concernera les générations ayant suivi les nouveaux programmes, faisant suite aux réformes de 2015 pour l’école maternelle et de 2016 pour l’école élémentaires. Quant aux générations concernées par les campagnes de lecture lancées par Jean-Michel Blanquer et Françoise Nyssen, elles seront la cible de l’étude Pirls 2026.

À lire pour aller plus loin : l’Étude de l’influence des pratiques d’enseignement de la lecture et de l’écriture sur la qualité des premiers apprentissages entre 2013 et 2015, coordonnée par Roland Goigoux et copublié par l’Université de Lyon, l’Institut Français de l’Education et l’Ecole Normale Supérieure de Lyon